Mardi, jour de marché.

Amélie se réveilla tot le matin, par des bruits de casseroles et par la bonne odeur de carotte. Elle s'étira, reprit ses esprits, et regarda autour d'elle. Hier, elle s'était rendue avec Anderval à la taverne, maintenant, elle se trouvait place du marché, bien éveillée. Elle se leva, et se dirigea vers les stands de nouriture. Bien habituée à sa présence, Martin, le marchand de fruits et de légumes, lui tendit une demi-douzaine de tomates.. La jeune fille le remercia, puis partit en direction du marchand de fromages qui se tenait de l'autre coté de la place. Le fromager était un viel homme rablé, toujours de mauvaise humeur qui criait à qui mieux mieux sur ses voisins. Amélie ne l'aimait pas, et elle se faisait un plaisir de lui piquer un ou deux petits trucs sur son stand. Elle s'approcha, le fromager était en train de chercher des fromages derrière le comptoir. Amélie se fit de plus en plus petite, et avanca une main vers un gros fromage, qui se trouvait tout devant. Il fallait qu'elle fasse vite, avant que le fromager ne revienne et ne la surprenne en plein délit. Heureusement pour elle, elle réussit à attraper le fromage avant qu'il ne se retourne. Elle s'échappa en vitesse, emportant sa marchandise sous son bras.

Elle s'arrêta dans un endroit sombre, qui se trouvait être la rue dont Breandan parlait hier soir, en l'occurence, la rue Keisha. Intriguée par les lueurs qui sortaient d'une des boutiques, la jeune fille s'approcha. C'était une boutique comme une autre, que l'on trouvait dans cette rue. Amélie regarda à travers la vitre et apercut un grand homme à barbe blanche en train de faire des expériences sur une araignée de la taille d'une petite assiette. Effrayée, elle se recula de l'autre coté de la rue, les yeux fixés sur le magicien. Malheureusement, il l'apercut, et arrêta ses sortilèges pour sortir de sa boutique. Sans un mot, elle l'attrapa par le bras et l'entraina à l'intérieur.

- Enfin, j'ai un cobaye humain ! A moins que tu n'ais quelque chose à me donner, pour que je te laisse la vie sauve. Je pourrai alors te donner une pièce d'or.

Amélie n'avait en main que son sac à tomates et le grand fromage. Elle les lui proposa. Mais le magicien partit dans un grand rire.

- Pense tu m'acheter avec cette vulgaire nouriture ? Je suis désolé pour toi, mais je vais devoir te garder un peu, à moins que quelqu'un vienne te libèrer, et ne paye ta part en même temps que la sienne. Tiens, d'ailleurs, voila quelqu'un.

Il se dirigea vers la porte, et rentra aussitot avec une dernière personne. Amélie était trop loin pour voir de qui il s'agissait, mais elle espèrait que cette personne pourrait la sauver.

Anderval attendait sur la place du marché. Elle n'avait pas été difficile à trouver, toutes les rues confluaient vers cet endroit bondé où circulaient les marchandises, des plus étonnantes aux plus banales. Il avait du mal à rester toujours au même endroit, souvent poussé où tiré par un quelconque badaud. Il espèrait y voir Amélie, mais apparemment ce ne serait pas aujourd'hui. Et si tous les mardis de marché étaient pareils à celui-ci, il aurait du mal à la voir un jour. Soudain, il apercût une main fine qui se glissait vers un fromage: ambitieuse, cette main, puiqu'elle visait le plus gros fromage de tous l'étalage. Soudain, la main disparut avec le fromage. Il se glissa parmi la foule et suivit la silhouette qu'il croyait propriétaire de la main. Mais, bien vite, il se retrouva seul. Seul parmi la foule. Etrange impression !
Sans y prendre garde, il fut bientôt dans une étroite ruelle. Il y avait un nom à demi effacé par le temps sur un mur décrepi:

"Rue Keisha."

Il avait parlé trop haut. Il regretta aussitôt, mais malheureusement pour lui un peu tard. Un long bras sorti de nulle part l'aggrippa et l'attira dans une salle sombre. Il sentit qu'on l'assomait, qu'on voulait qu'il se tut, alors il voulut crier, mais il ne pouvait déjà plus. Il perdit connaissance.

C’était une affreuse sensation de malaise. Comme si une personne qu’elle aimait plus que tout se faisait torturer. Puis, elle vit sa mère. Enfin, la silhouette était encore trop floue. Mais Amélie pouvait reconnaître sa mère du moindre coup d’œil. Et cette chevelure blonde qui attirait les yeux, c’était bien une des caractéristiques de sa maternelle. Néanmoins, il lui semblait qu’elle ne ressentait pal la même chose, comme un manque. Et la chevelure blonde se faisait de plus en plus flou. Malgré qu’Amélie l’appelle, il arriva le moment ou elle disparut complètement de sa vue. Et…

Amélie se réveilla en sursaut. Elle s’épongea le front, puis reprit ses esprits. Tout de suite, elle comprit que la personne à coté d’elle était dans la même posture. Couchée en chien de fusil, Anderval avait l’air de dormir. La jeune fille regarda du coté du magicien et le regarda faire des petits tours de magie. Elle se redressa entièrement. Ce n’est qu’a ce moment là que le propriétaire de la boutique la vit. Mais il l’ignora. Elle ne savait pas quoi faire, elle ne savait pas comment elle pourrait arriver à se sortir de là. Elle soupira puis se rallongea. Y aurait-il au moins une âme charitable dans cette « merveilleuse » petite ville, pour aider d'honnêtes gens à ce sortir de ce sal pétrin ?

Enfin, elle sentit bouger à coté d'elle. Apparement, Anderval venait à se réveiller. Il avait l'air pateux. Il avait surement été assomé avant de perdre connaissance, peut-être par le magicien lui même. Pourtant, il lui avait semblé que celui çi était revenu avec une deuxième personne en bonne conscience. Y avait-il quelqu'un d'autre dans la pièce, et qu'elle ne voyait pas ? Quand le jeune homme ouvrit complètement les yeux, se redressant, Amélie fit de même.

- Qu'elle coincidence ! Dès que je vous quittes, vous me retrouvez ! Bon, c'est vrai, c'est un peu précipité comme rencontre mais...

Elle se tut : le magicien venait vers eux, tenant dans ses mains, deux éprouvettes contenant un curieux mélange.

Anderval se retourna de l'autre côté. Allongé par terre, il sentait les carreaux froids et durs sous son corps endolori. Il lui sembla entendre quelqu'un parler derrière lui. C'était la voix d'Amélie. Il se redressa et regarda la jeune fille :

"Comment cela, je vous retrouve ? N'est-ce pas plutôt le contraire ?"

Il se souvint de la main du marché.

"Alors, c'était vous, le fromage ?"

Il se mit à rire.

"Vilaine fille !"

Il parut soudain se rappeler qu'il n'était pas à l'endroit désiré. Plus précisement, il était exactement à l'endroit où il n'aurait jamais voulu être. Depuis quelques jours, Anderval avait appris par les habitants de la ville que la rue Keisha avait été ensorcelée, et que quiconque s'en approchait y était étrangement attiré. C'avait été son cas et maintenant, c'était pour cela qu'il se retrouvait dans une position aussi inconfortable que bête. Enfin, il arriverait peut-être à faire croire à Amélie qu'il était venu pour la sauver, ce qui lui confererait une mort en héros.

*MORT ?*

Il s'aperçut soudainement que l'homme qui l'avait attrappé la veille, il y a une heure, une minute peut-être il n'en savait rien, s'approchait d'eux. Il se tourna vers Amélie:

"Une connaissance peut-être ?"

Les fioles qu'il transportait l'inquietaient plus. Il se rendit alors compte qu'ils étaient tous deux pieds et poings liés. Il soupira.
Le magicien posa les fioles sur une table à quelques mètres d'eux. L'une avait une couleur rouge vif, l'autre indigo. Il tenta de lire se qu'il y était inscrit, mais eut beau se contorsionner, il n'y parvint pas. Il regarda Amélie avec espoir.

Le regard vide, elle regarda s’approcher l’homme qui avait un sourire mauvais sur le visage. Elle fut soulagée quand il déposa les deux fioles sur une petite table, à peine à un mètre d’eux pour repartir dans l’autre sens, vers la porte de la boutique, ou se trouvait un tas d’animaux en cage. Elle fut soulagée, mais pas pour longtemps. Allait-il les laisser comme ça, en plan, pour les faire souffrir, ou allait-il les achever tout de suite ? Délaissant de sa tête toutes ces idées moroses, elle se tourna vers Anderval.

- Une connaissance ? Oh que non ! Serai-je là, attachée comme vous l’êtes, si cet odieux personnage avait été une connaissance ?

Elle aurait voulu rire, mais ce n’était pas le moment. Elle plongea ses yeux sur le spectacle très « intéressant » que prodiguaient les bulles dans les deux éprouvettes. Elle plissa les yeux, rien que pour essayer, au moins, d’apercevoir les quelques «écritures sur les ustensiles, mais tout ce qu’elle parvint à voir, c’était le nom du pays ou elles avaient été construites. Et cela ne devait avoir que peu d’importance pour qu’ils puissent sortir d’ici. Elle se tourna de l’autre coté.

- Et vous ? Comment êtes vous arrivé ici ? Apparemment, vous m’avez suivi, mais pourquoi être rentré dans cette infâme boutique ? demanda t-elle à Anderval, curieuse d’en savoir plus sur les raisons de sa venue.

Elle s’aperçut que le sac de nourriture qu’elle avait apporté n’était plus là. Elle songea tout de suite au magicien. * Grmml, et lui qui m’avait dit qu’il ne voulait pas de cette « vulgaire » nourriture ! *

- Et oui, pour votre information, c’est moi qui ai pris de fromage, fit-elle avec un air de défi. Mais ce n’est pas le moment de parler de ça.

-Effectivement ma belle, ricana quelqu’un derrière elle.

Elle se retourna en sursaut et vit que ce n’était autre que le magicien qui avait parlé. Celui-ci arborait un sourire édenté, et ses yeux bordeaux luisaient. Vivement, il la fit se lever, et l’emmena avec lui vers la lumière du jour, vers les portes du magasin. Elle jeta un regard vers Anderval, mais, malheureusement, il ne pouvait rien faire.

Anderval regarda la jeune fille s'en aller avec le magicien, et ...sourit.
Il roula sur le côté et se mit à genoux. Après quelques instants, il tenta de se lever. Mais, pieds et poings liés, la tâche était ardue. Il recommenca plusieurs fois, en vain. Il décida d'attendre qu'une meilleure idée lui vint. Mais il valait quand même mieux pour lui, et surtout pour Amélie, qu'elle vînt vite.

-Mmmhh ... murmura-t-il.

Il parcourut d'un reagard la salle. Petite, ronde, et dotée d'un plafond très haut, elle était meublée d'étagères et de la petite table. Il eut un air désespéré.

*C'est tout ?*

Il entendit un cri d'oiseau:

*Soaaaaaalut !*

Il se retourna, et vit un perroquet au plumage vert et rose.

*Voilà qui pourrait être interessant ...*

"Salut, perroquet !"

"Soaaaaalut !"

*Eh bien, on est avancés ! Tout compte fait, c'était peut-être pas une si bonne idée que ça ...*

"Dooooonnne moiii la formuuuule !"

"La formule ? Quelle formule, perroquet ?"

"Perroquet ? Soaaaaalut, perroquet ! Je m'appelle Plume."

"Joli nom, Plume. Tu sais comment on peut sortir d'ici, Plume ?"

"Bien sûr. Plume sait tout."

"Alors, dis-moi."

"Et pourquoi j'aiderai un méchant humain ?"

"Pas méchant, Plume !"

"Pas méchant, Plume ! Pas méchant, Plume ! Le magicien dit toujours ça."

"Que veux tu en échange ?"

"Tu m'emportes avec toi."

"Ca marche."

Anderval trouvait le marché un peu facile, mais après tout, il n'avait pas d'autre choix que d'accepter.
Il se demandait ce qu'il pouvait bien arriver à son amie.

Le magicien la fit asseoir sur une chaise. Il la regarda pendant deux secondes et commença à farfouiller dans son bazar, pour trouver, Amélie ne savait quoi, peut-être un livre ou même quelque chose d'autre. Enfin, il se releva, et brandit devant lui, une troisième éprouvette, semblable aux deux autres qu'il avait déja remplies, et s'approcha d'un chaudron fumant. Il y plongea l'éprouvette et la ressortit. Elle était remplie d'une mixture bleu pâle. Avec un sourire goguenard, il l'approcha du visage d'Amélie.

- Tu vois ça ? C'est une potion pour te contrôler.TU vas la boire et après...

- Et qui vous fait croire que je vais avaler votre soit disant potion ? Vous vous mettez le doigt dans l'oeil si vous pensez que je vais me laissez faire comme une simple idiote ? cracha t-elle

- Oh mais c'est simple ! Tu vois, moi je suis debout, j'ai plein d'armes dans cette boutique, et toi, qui n'est autre qu'une frêle fille, qui plus est, attachée et ligotée sur une chaise. La tache ne sera pas très compliquée.

Elle s'apercut qu'il avait raison. Dans sa tête, elle cherchait quelque chose qui pouvait l'empêcher de boire la potion.

- Donc, tu vas boire cette potion, reprit le magicien, puis, tu vas aller servir à ton compagnon, le contenu d'une de ces éprouvettes là-bas...

- C'est hors de question ! Et puis, pourquoi ne le faites vous pas vous même ?

- Ne me contredis pas ! Sur ces deux éprouvettes, il y en à qu'une seule qui contient du poison. L'autre est innofensive. Si tu lui fait boire celle-la, tu gagneras ta liberté.

- Mais je serai sous contrôle ! Et vous me direz simplement de prendre une des deux éprouvettes et ce sera celle contenant le poison ! Je ne marche pas.

- Je me disais bien que ce truc me servirai pas à grand chose, fit le magicien en posant l'éprouvette, d'accord, je ne te sers pas de potion bleue, mais tu devras quand même choisir une de ces deux éprouvettes. Et ne cherche pas à t'échapper, je t'ai à l'oeil !

Il la débarassa de ces liens et la poussa vers le fond de la boutique. En même temps, elle réfléchissait au meilleur moyen de ne pas empoisonner Anderval, mais il fallait qu'elle soit devant, pour voir s'il y avait quelquonque différence avec les deux mixtures. Elle s'approcha, et le vit parler avec un perroquet . Etonnée, elle lui jeta un regard interrogateur. QUe pouvait-il bien se tramer ?

"Chhhut, quelqu'un vient." souffla Anderval.

Le perroquet reprit tranquillement sa place, l'oeil interrogateur. Ce que les humains pouvaient être bêtes, parfois ! Maintenant, il n'était plus temps de s'en aller. Il se mit à somnoler. Encore un qui ne ressortirait pas d'ici vivant.

Anderval vit paraître Amélie. Elle avait l'air soucieuse, mais plutôt en bonne santé.

*Quoique...*

Un doute étreignit le jeune homme. Il n'était pas aussi bête que le pensais le perroquet, et songeais à ce qui avait pu se passer dans l'autre salle. Il aimait bien les contes de fées, mais de là à croire que le magicien avait pris Amélie à part juste pour prendre un café...

"Mhhh..."

Réflexion ... Action !

"Plume !" murmura-t-il.

L'oiseau n'avait pas l'air très réveillé. Et pour cause; il dormait.

"Plume !" dit-il plus fort.

Plume ouvrit doucement ses yeux naïfs, et regarda autour de lui avec suspiscion. Il frotta son bec d'une plume légère et adroite, et reprit sa position d'origine.

Sans Plume, il n'y avait plus grand chose à faire. D'ailleurs, le magicien arrivait, yeux perçants, sourire sadique, bref tout pour plaire. En quelques instants seulement, Anderval se retrouva baillonné.
Il regarda Amélie avec des yeux implorants.

Le plus lentement possible, Amélie s’assit devant la table aux éprouvettes et elle tendit le bras. Mais c’était comme si celui-ci pesait une tonne et il retomba avant qu’elle ne puisse en saisir une. Elle n’avait pas une idée précise de ce qu’elle allait faire, mais la meilleure chose, c’était d’éviter le futur empoisonnement qui pourrait arriver. Mais c’était également de pouvoir s’enfuir de cette horrible boutique tenue par un énergumène semblable. D’ailleurs, elle sentait ses yeux persans passer sur son dos et elle en frissonna. Evidemment qu’il la surveillait ! Avec la plus mauvaise volonté du monde, elle formula un deuxième essai et s’empara de l’éprouvette indigo. Après, que devait-elle faire ? Elle réfléchit.

* La meilleure façon d’éviter le pire, c’est d’essayer ce petit quelque chose sur… *

Elle regarda de droite à gauche, à la recherche de quelque petit animal cobaye. Mais point de petit animal. La seule chose, c’était un perroquet. Et elle ne tenait pas à avoir un perroquet mort sur les bras. D’ailleurs, il avait l’air assez sain d’esprit pour éviter la potion indigo du magicien. En parlant du magicien, il se tenait droit comme un i et semblait vraiment s’impatienter. Alors, elle se leva, soupira et s’approcha d’Anderval, puis, elle se mit à genoux à coté de lui. Elle réalisa qu’un morceau de tissu lui obturait la bouche.

* Je sais que je ne vais pas lui enfourner ça dans la gorge… Mais quand même, autant lui faire croire. *

-Il faudrait peut-être lui enlever ça ? remarqua t-elle

Le magicien s’approcha. Il lui retira le bâillon, mais, juste à ce moment là, un ébouriffement de plumes s’abattit sur eux. Surprise, Amélie n’eut pas le temps de faire grand-chose, mais le magicien, furieux, s’était déjà relevé et tempêtait contre le perroquet qu’elle avait vu tout à l’heure. Anderval du le voir aussi, car un sourire s’étendait sur son visage.

Plume avait trop rêvé. Il avait rêvé qu'il volait, et il était tombé.

*Pauvre Plume ! Quand donc me laissera-t-on dormir tranquille ?*

Il fit quelques pas en avant, et lissa son plumage soyeux d'un coup de bec rapide. Ses petites pattes se mirent à courrir le plus vite possible sur les carreaux glacés, échappant ainsi à la sévère réprimande du magicien.

"Héhééééé c'est la vengeance de Plume !" dit-l'oiseau amusé.

Il prit son envol pour aller atterrir sur le capeau du magicien. De son bec, il se mit à frapper sur le front du vieil homme.

"Tu te souviens de moi ?"

Le visage de l'homme blêmit.

Anderval s'était prestement levé, et avec l'aide d'Amélie, avait défait ses liens. Ils observaient la scene étrange qui se déroulait devant eux.

L'oiseau reprit, plus fort cette fois :

"Bien sur que tu te rappelles, Tes yeux gris s'en souviennnent. Cette nuit la est gravée dans le coeur de chaque homme, et de chaque perroquet qui vive encore depuis l'Appel de Sharkanguel...Aujourd'hui il est temps pour toi de payer."

Les yeux du perroquet avaient à présent un aspect humain, et sa voix se transformait peu à peu en celle d'une femme :

"Le charme est rompu, Braendan ! Jamais plus tes armes ne feront d'injustice, jamais plus elles ne tueront d'innocents, entends-tu Braendan ? Et les hommes jusqu'à tes enfants te montreront la route des Enfers et te guideront vers les flammes ! Entends-tu Braendan, entends-tu le souffle des vies que tu éteignais, une par une ? Je ne suis pas un perroquet, mais il me semble que je pourrais encore répeter la même rengaine jusqu'à ce que mort s'en suive."

L'homme était tombé à genoux.

Le perroquet criait, et sa voix humaine, la voix d'une femme qui souffre, mais qui n'a plus peur, resonnait à travers la salle ronde.

Le perroquet attrappa le deuxième flacon dans son bec et avec difficulté, en but le contenu.

"Nooooooonnnn !"

Le magicien avait hurlé, dans un dernier souffle de vie.

Anderval se précipita vers lui, mais une voix le retint. Elle était belle et douce comme un rayon de soleil.

"Il est mort. Laissez-le."

A l'endroit où se trouvait le perroquet quelques instants auparavant était une jeune femme dont la chevelure roux clair répandait un halo de lumière. Elle était drapée dans un tissu flamboyant rose et vert et ses bras nus semblaient aériens. Son visage était triste, tellement triste !

"C'était moi, Plume." dit elle simplement.

Elle hocha la tête et sourit sans gaité.

La scène qui se passait devant eux était tellement étrange ! Un peu irréaliste également. Mais ce qu’Amélie comprit, c’était que le magicien avait fait souffrir des gens bien avant eux, et que maintenant qu’il était mort, cela pouvait sûrement changer beaucoup de choses.

« C’était moi, Plume »

Cette voix si majestueuse qui remplissait la salle et rebondissait sur les murs, ne semblaient pas provenir d’une femme à part entière. Et pourtant, Plume était si présente, avec ses beaux cheveux roux, qu’Amélie en tomba sous le charme. Timidement, elle s’approcha, mais la jeune femme ni prêta pas attention. D’un seul geste de la main, elle fit disparaître le corps du magicien, puis elle se dirigea vers la porte de la boutique qu’elle ouvrit en grand. L’air frais de la ville leur arriva comme une délivrance. Soulagée, Amélie sortit dans la rue, suivie par Anderval et par Plume.

- J’allais oublier quelques petites choses ! s’écria Pluma en revenant dans la boutique.

Elle ne ressortit que un quart d’heure après, tenant dans une de ses mains le sac de nourriture d’Amélie, et de l’autre une bouteille remplie d’une boisson rose fluo. La jeune fille avait assez entendu parler de potion dans la matinée, qu’elle n’essaya pas de demanda à Plume, ce que contenait le récipient. Par contre, elle reprit avec plaisir le fromage dans ses bras, presque heureuse que le magicien n’en n’ait pas prit. Lentement, elle s’approcha d’Anderval, qui souriait à Plume. Il tourna sa tête vers elle, après qu’elle n’ait commencé à parler.

- Tu sais, je n’ai pas vraiment cherché à t’empoisonner, sinon, qui m’aurait aidée après ? Heureusement que Plume était là ! Et au moins, nous sommes sortis de cet endroit lugubre !

C’était vrai, ils étaient enfin revenus dans la ville, laissant la rue Keisha derrière eux. Personne ne semblait faire attention à eux, ils ne s’étaient rendus apparemment compte de rien. La seule chose à laquelle ils prêtaient attention, c’était à Plume, et Amélie et Anderval le comprenait bien. Ils passèrent devant le fromager ou Amélie avait pris sa nourriture, le marchand était visiblement furieux, et la jeune fille se cacha à moitié derrière les deux autres. Qu’allait faire Plume à présent ?

[HRPG; Dsl pour le retard, mais vacances, manque d'inspi et beaucoup de devoirs a faire. ]

[ Y'a pas de problême ! =) ]

Ils marchaient tranquillement dans les ruelles, qui s'élargissaient comme ils avançaient vers la place du marché. la lumière dorée du soleil était aveuglante, et il semblait à Anderval que le monde entier se rejouissait de la venue de Plume. Les paroles d'Amélie mirent un certain temps avant de parvenir au jeune homme, qui pensait sortir d'un rêve. Il sourit, bien que sans raison apparente.

"M'empoisonner ?"

Il parut soudain se souvenir et haussa les épaules. Il ne s'en souciait pas, d'ailleurs à quoi bon penser à ce qui aurait pu se passer ? Il aurait tout le temps plus tard -et au plus tard au mieux- de se préoccuper de la manière dont il mourrait.

*Ahlala sans moi qu'est-ce qu'on ferait !*

Ses pensées s'envolèrent vers de lointains horizons, où il gouvernait des territoires immenses et où il possédait des châteaux d'une beauté inégalable, avec une femme dans chacun de ses palais, et ...
Un bruissement d'ailes se fit entendre derrière eux. Comme si toute la population volatile de la ville s'était, soudainement et d'un commun accord, envolée vers des cieux plus bleus. Il se retourna vers Plume, mais ...Il n'y avait plus personne. Seulement une plume, rose vif. Il se pencha pour la ramasser, mais une voix evanescente l'arrêta.

"Adieu, amis d'Yrän ! Amélie, tu n'es pas destinée à l'ombre et à l'oubli ...Anderval, tes yeux se mirent dans mon regard, mais ce n'est pas moi qu'ils veulent voir !"

Sur ces paroles plus qu'étranges, qui venaient de nulle part, Anderval se releva, la plume dans sa main entrouverte. Celle-ci s'échappa aussitôt. Anderval parvint à la rattraper de l'autre main. Une toute petite voix aigue, si différente de celle de la femme-oiseau qu'était plume, s'éleva alors :

"Aïe ! Tu me chatouilles !"

Anderval eut un regard interloqué pour cette petite plume rose. Il voulut s'assurer qu'il n'était pas victime d'illusions, et demanda à Amélie.

"Tu ...as entendu ?"

Il se sentit un instant fou.

Une plume qui volait au vent. Rose, comme la couleur de Plume. Privés du centre d’attraction de leurs rêves, les passants, et surtout les hommes, revinrent à leurs occupations. Amélie regarda avec attention le petit manège de la plume et d’Anderval, prête à rire si celui-ci arrivait à tomber. Juste après que la plume ne fut touchée, elle entendit un étrange bourdonnement à ses oreilles, la laissant perplexe. Puis, comme si elle avait vu quelque chose d’extraordinaire, elle ce mit à sourire bêtement, les yeux dans le vague. Ceux qui passaient devant elle lui lançaient un regard indigné et méprisant. Mais il n'existait plus qu'elle. Elle ne fut tirée de ses pensées que par l'air intrigué d'Anderval.

-Non, non, rien entendu. Par contre un étrange bourdonnement.

Il lui semblait avoir sentit un vent de folie planer. Intriguée et désireuse de savoir la provenance du bruit dans ses oreilles, elle saisit d’un geste brusque la plume rose de la main tendue d’Anderval. Rien qu’à la voir comme ça, la plume n’avait rien de dangereux et en valait une normale, mais quand elle l’approchait de son oreille, les bourdonnements recommençaient, perpétuels, mais avec une plus grande sonorité.

Pas de doute, une once de folie.

Avec un sourire énigmatique, elle redonna la plume à Anderval. Tout ce petit manège avait intrigué plus d’une personne mais Amélie ne souhaitait pas trop attirer l’attention, alors elle s’avança un peu plus loin, un peu gênée. Anderval la suivit, perdu dans la contemplation de l’air, cherchant peut-être à retrouver Plume. Mais elle était partie.

Elle poussa un caillou du pied, puis ouvrit son sac de nourriture et attrapa un morceau de fromage qu’elle avala. Elle en proposa à Anderval, puis le referma. Elle se demandait maintenant ou elle pouvait aller. Il n’était près de midi, et les marchands ne tarderaient pas à ranger leurs marchandises pour s’en aller plus loin et revenir le Mardi prochain. Valait-il mieux qu’elle rester en essayant de prendre un ou deux petits trucs ? Elle se ravisa, ce n’était pas très poli de laisser là le jeune homme. Elle se souvint alors de paroles prononcées la veille.

-Vous aviez dit que vous cherchiez un forgeron n’est ce pas ? Et le roi aussi, si je me souviens bien, mais bref. Pourquoi ne pas aller voir celui qui ne se trouve pas loin dans une des rues par là bas ? Enfin, sinon, si vous avez autre chose en tête…

Elle commença à se diriger vers l’endroit qu’elle avait montré, mais elle réalisa que son compagnon ne la suivait pas. Il avait l’air dans la lune, alors, elle se rapprocha et lui passa la main devant les yeux. Il ne réagit pas tout de suite mais ils s’allèrent quand même vers la boutique d’un forgeron, ou des bruits d’armes et d’enclumes surgissaient entre les cris des marchands.

[HRP]Je pensais changer de topic, mais je viens de me rendre compte qu'à Lasslyn il n'y a pas de forgeron, faut retourner à Yrän. A moins qu'on continue ici ? [/HRP]

Anderval attrapa le morceau de fromage orange que lui tendait Amélie d'un geste preste, et croqua dedans.

-Incolore, inodore et sans saveur, analysa-t-il pour lui-même.

-Comme toi, répondit une petite voix qu'il jugea être sa conscience, quoique cette-dernière ne fut pas très présente dans sa vie quotidienne.

Il s'insurgea un moment contre cette réponse pertinente, puis finit par laisser tomber pour remercier mollement Amélie.

-Mais quel type ingrat, celui-là ! renchérit la petite voix.

Il faillit lui hurler de se taire.

-J'entends des voix aujourd'hui, dit-il perplexe, sans vraiment s'adresser à quelqu'un en particulier.

-Ah oui, le forgeron.

Un frisson glacé lui parcourut le corps, bien qu'il fit une chaleur lourde en cette heure de l'après-midi. Les pavés semblaient fondre sous les rayons sans pitié du soleil printanier. Ils se remirent à marcher, profitant de l'ombre des bâtiments qui, constata Anderval, tombaient quelque peu en ruines.

-Vous savez vous battre ? Demanda Anderval à qui cette question s'était révelée existentielle depuis pas longtemps. Et puis, se dit-il, mieux valait le savoir au cas où ...

[HRPG : Ok, on va faire avec Yrän, alors. On va dire que celui là est fermé et qu'on est obligés d'aller là bas^^ Je vais commencer.]