En après-midi de canicule...

*Centaure* Messages : 17 Date d'inscription : 22/01/2008

C'était l'une de ces journées de canicule où le soleil frappait avec toute sa force sur la terre et la tête de ceux qui, par folie ou par obligation, avaient quitté le toit bienveillant de leur demeure. Une infime brise soufflait, si petite que l'on salivait à l'espoir qu'elle faisait naître à ce contact de ressentir une seconde brise plus forte que la précédente. Mais rien ne suivait et l'espoir qui vivait chez les aventuriers ne faisait qu'augmenter la souffrance de ces derniers, l'espoir les invitant à continuer et le soleil les vidant de leur énergie. C'était le milieu de l'après-midi, mais tout était calme dans les montagnes. Les oiseaux ne chantaient pas non plus, victimes eux aussi du soleil et de l'humidité qui les obligeaient à économiser leur énergie.

La chaleur était écrasante pour tous. Même pour Sylvert qui, sous un abri improvisé constitué d'un amoncellement de branches et de feuillage, n'avait pu s'empêcher de s'assoupir. Rien ne lui avait laissé croire qu'un quelconque être puisse s'aventurer dans la montagne et rôder si près...

La jeune fille se cachait parmis les hautes herbes du flanc de la montagne. C'était la première fois qu'elle s'aventurai aussi loin du village, et elle se dit que ce serai la dernière fois. En chemin, elle avait croisé un certain nombre d'animaux de toutes sortes, allant de la plus innofensive à la plus malveillante. L'air était chaud, et il règnait une atmosphère étouffante. Typique du mois.

Amélie s'installa non loin d'une petite prairie sauvage, ou les cailloux et les arbres étaient peu nombreux. Assise derrière un buisson feuillu, rien que pour avoir un tant sois d'ombre, elle jonglait avec deux petites pierres noires. Les pierres étaient bien faites, avec un très bel éclat, et en même temps qu'elle jouait avec, elle ne pouvait s'empêcher de les regarder et de les admirer. Quand, elle entendit un bruit, bien plus loin, elle ne releva pas la tête tout de suite, mais elle fut bien moins intriguée par ces cailloux que par ces bruits, qu'elle ne percevait pas très bien. Elle se leva, et se dirigea vers la source de, ce qui semblait être, des froissements. Enfin, le bruit se fit plus distinc, et elle se faufila derrière des branchages. Elle les écarta, et regarda au travers.

* Ca alors ! *.

C'était un centaure. Elle n'avait encore jamais eu l'occasion d'en voir un de si près, mais elle en avait souvent entendu parler, rien que par les dires de certaines personnes. Elle n'osait pas aller plus loin, et, de peur de se faire remarquer, elle resta tapie sous le buisson, attendant le moindre geste du curieux personnage.

*Centaure* Messages : 17 Date d'inscription : 22/01/2008

Sylvert était dans la forêt, au beau milieu d'une nuit excessivement chaude et humide de pleine lune. Sa fourrure, était entièrement trempée à cause de la course qu’il menait. Tout autour, des arbres se refermaient lentement sur lui telle une prison qu'il essayait de fuir. Et il galopait aussi rapidement qu'il le pouvait pour leur échapper, son sang battant derrière chaque fibre de son corps. Des ombres, dissimulées derrière les arbres, le guettaient, attendant le moment opportun pour fondre sur lui telle une marée noire jaillissant de toute part. Il ne les voyait pas toutes, mais savait, ressentait au fond de lui comme instinctivement, qu’il y en avait d’autres plus loin, qui l’attendaient. Mais il ne pouvait s’arrêter, la fuite étant son seul espoir d’échapper à ces êtres qu’il savait des dizaines de fois supérieurs à lui en puissance. Mais une ombre soudain, surgit de nulle part, apparue devant lui et fondit sur lui, l’enveloppant ensuite de sa substance élastique noire et brillante à l’éclat de la lune, le contraignant à la soumission dans l’étreinte inébranlable et fatale qu’elle produisait sur son corps impuissant et frêle. Sa vision se brouilla et l’air se mit à manquer, si bien que respirer lui devint tout à coup une tâche sur laquelle il dût se concentrer entièrement pour espérer vivre les minutes qui s’ensuivraient. Mais il entendait les congénères de sa conquérante approcher, puis les sentait fondre en elle, quintuplant sa force. Soudain, sa vision le quitta et l’air de ses poumons l’abandonna. Il ne pouvait plus respirer malgré tous les efforts qu’il employait pour y parvenir. Il allait mourir, il en était certain. Dans son ventre, une pierre avait pris la place de son air, et au loin, un léger bruissement incompréhensible se clarifiait de dizième en dizième de seconde.

Sylvert se réveilla dans un incontrôlable sursaut. S’élevant sur ses pattes arrières et défonçant de cette façon son abri, son cœur manqua de peu de s’éjecter de lui-même de sa poitrine. De sa main habile, il empoigna sa lance dissimulée dans les branches de son ancien abri de fortune et, voyant l’objet de son réveil troublé, dirigea son arme, avec puissance et vitesse, vers le visionneur inoportun qui était devant lui, avant de l’arrêter, la lame aiguisée de son arme à quelques millimètres à peine de la gorge de sa victime.

Sylvert était en sueurs et sa fourrure était entièrement trempée. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine et il aurait été possible d’ordinaire pour un autre que Sylvert, de l’entendre s’il portait bien l’oreille. Mais à cet instant où le temps semblait suspendu, où les oiseaux ne chantaient plus, il devenait facile de le percevoir. Et le centaure, respirant rapidement et fortement, transperçait maintenant sa proie de son regard de fer.

C’était comme si un froid s’était abattu subitement. Comme si il y avait un danger quelque part, quelque chose de dangereux qui rodait. Déglutissant, Amélie sortit de sa cachette de buisson. Oui, même si c’était un chaud après-midi de Juin, l’air soufflait, et Amélie, presque terrifiée resta planté là ou elle était, la lame aiguisée du centaure touchant presque son cou. Elle essayait de se détendre, mais comment être détendu quand on est sur le point de se faire embrocher ? Elle ouvrit la bouche, s’apprêta à parler mais ce ne fut qu’un grognement qui sortit de sa bouche. Enfin, elle s’arrêta de bouger.

Après quelques minutes comme celles-ci, le centaure recula son arme, tout en continuant à la regarder de son regard dur. Amélie y sentait du mépris, et un peu de colère et un soupçon peur. Elle faillit presque s’évanouir, mais elle resta bien sur terre. Elle tremblait. Elle voulut engager la conversation :

-Est ce que… Si je vous dérange… dit-elle en un souffle, à peine audible

Elle fit deux pas en arrière, mais les deux yeux gris de l’animal ne la quittaient pas une seconde. Enfin, après un petit moment, le centaure détourna la tête et recula lui aussi. Mais ce n’était sûrement pas fini. Elle n’osait pas fuir, de peur d’être rattrapée et tuée en quelques secondes. Elle ne bougeait pas, seuls des tremblements secouaient son corps, et elle attendait sans rien dire.

» Apres le palais